Faut-il maîtriser l’ensemble de l’arsenal technique de son art pour y exceller ? La croyance populaire répondrait que oui. Elle s’adosse à toute une grappe d’autres croyances extrêmement prégnantes dans nos sociétés que Donald Clifton et Paula Nelson analysent dans leur ouvrage Play to your strengths :
- Croyance 1: L’excellence passe par la correction de ses points faibles.
- Croyance 2: Pour progresser, inutile de perdre du temps à travailler sur les choses où vous êtes déjà bons, les meilleures opportunités de développement se trouvent dans les domaines où vous êtes faible.
- Croyance 3 : Le succès est l’opposé de l’échec, la maladie est l’opposée de la santé, le bien est l’opposé du mal.
- Croyance 4 : Tout le monde peut être bon dans tout domaine dès lors qu’il se donne les moyens de ses ambitions.
Ces postulats justifient que dans les écoles, au travail et dans les activités sportives et artistiques, nous sommes tous encouragés à identifier, analyser et corriger nos faiblesses pour devenir plus forts.
Pourtant, si on s’y attarde quelques instants, prétendre que chacun peut être bon dans tout domaine s’il travaille suppose que toutes les personnes sont des clones, possédant un ensemble identique de talents. Cela, bien sûr, est faux. Nous sommes chacun différent, avec un ensemble unique de forces et de talents. Chacun de nous est né avec des talents spécifiques. La question n’est pas de se lamenter sur les talents que nous n’avons pas, mais de développer ceux que nous avons reçus.
Donald Clifton et Paula Nelson ont constaté que le point commun de tous ceux qui sont excellents dans leur domaine (sportifs, artistes, leaders, etc.) est leur faculté à miser sur leurs points forts et à se contenter de gérer leurs points faibles sans chercher à les corriger. Ils savent que leur meilleures chances de développement résident dans les domaines où ils possèdent les meilleurs atouts.
Pourquoi ?
- Tout d’abord, parce qu’en développant ses points forts au maximum, ceux-ci deviennent si forts qu’ils dépassent largement les points faibles,
- Ensuite, parce que quand nous nous concentrons sur une faiblesse, nous passons un temps incommensurable à tenter de la transformer. Pendant ce temps, nos points forts sont laissés en jachère. Or, un poisson aura toujours du mal à voler, un aigle aura du mal à nager, quel que soit le travail qu’il fasse. Et comme dit le proverbe : “n'essayez pas d'enseigner à un cochon à chanter - cela gaspille votre temps et ennuie le cochon.”,
- Enfin parce que travailler ses talents procure une satisfaction intérieure durable, car la vie ne nous demande pas de devenir autre chose que ce que nous sommes potentiellement.
Dans un premier temps, il est nécessaire d’avoir le corpus technique de base, car l’ignorance ne permet pas de découvrir ses points forts. Ce travail initial permet également de s’éveiller à un ensemble de facultés physiques et psychiques qui font l’intérêt de la pratique martiale.
Il s’agit ensuite de découvrir ses meilleurs atouts, les domaines dans lesquels nous pouvons devenir exceptionnels. Dans les arts martiaux, cela peut être des facultés physiques (des fibres musculaires rapides, l’allonge, la souplesse), psychologiques (le coup d’oeil, la faculté à gérer son stress), et tout un ensemble d’autres prédispositions et talents spécifiques qui font notre individualité.
Ces talents innés initiaux ne constituent pas encore un point fort. Dans leur ouvrage Découvrez vos points forts, les 2 grands spécialistes de la théorie des points forts Markus Buckingham et Donald Clifton, précisent que si les talents sont ce qu’il y a de plus important, ils ne deviennent des points forts que lorsqu’ils sont développés par le savoir (l’apprentissage) et le savoir-faire (capacité à effectuer une action décomposable en plusieurs étapes).
Cette démarche sur mesure fait sortir d’un apprentissage trop codifié et rigide des arts de combat. Elle encourage au contraire à développer son propre style ; la forme et l’attitude deviennent alors la résultante d’une appropriation individuelle de l’art.
- Premier point : arrêter de chercher à posséder toutes les compétences. Les meilleurs dans leur domaine sont rarement polyvalents, ils sont des spécialistes.
- Deuxième point : maximiser ses points forts, plutôt que corriger ses points faibles. Cela ne veut pas dire qu’il faut ignorer ses points faibles. Il faut trouver des moyens de les gérer pour pouvoir se concentrer sur l’amélioration de ses points forts.
- Troisième point : s’assurer que la capacité sur laquelle on s’appuie est bien un point fort. Pour cela, on doit pouvoir l’exercer constamment, avec plaisir et avec succès.
Bon entraînement... sur vos points forts !!!